Que changeriez-vous dans le système éducatif français ?

Son hypocrisie !

De nos jours, tout le monde, des ministères jusqu’aux parents d’élèves en passant par les journalistes continue de croire, ou de faire semblant de croire, qu’il est basé sur une sorte de «méritocratie républicaine» et d’ «égalité des chances».

Or, pour autant que ces deux choses aient pu en partie exister aux débuts de la IIIème République ou dans les années qui ont suivi le Conseil National de la Résistance, elles ne sont pour l’essentiel qu’une fiction franco-française, un mythe que personne (à part quelques sociologues « maudits ») n’ose bousculer et qui fait énormément de dégâts.

Dans la réalité, j’ai pu le constater au quotidien pendant 40 ans, le système éducatif français fonctionne exactement comme la quasi-totalité des autres systèmes éducatifs, notamment américain, anglais ou chinois (même si bien sûr les autorités chinoises racontent la même fiction «égalitaire» que les nôtres).

C’est un système à trois vitesses et tous ceux qui ne le voient pas ne peuvent rien y comprendre [1]:

  1. Des écoles d’élite pour… les élites: Elles s’appellent « Alsacienne » ou « Bilingue » à Paris, par exemple. Ensuite les filières passent par un faux secteur public. Par exemple, si vous faites partie de l’élite, il se trouve que la tante de votre enfant possède un petit studio place du Panthéon, qu’elle vous le loue, que le petit a demandé à habiter là, et que du coup le Lycée Henri IV est son lycée de secteur [2].
  2. Des écoles privées pour ceux qui peuvent les payer: Ce n’est pas forcément très cher, mais c’est payant. Ça peut prendre aussi la forme de cours supplémentaires payants, d’aide aux devoirs très personnalisées, etc. Parfois, rarement mais ça existe, ça peut être limite corruption. J’ai connu dans les années 1970 un prof de lycée public qui donnait des cours de soutien privés pendant lesquels ses élèves révisaient exactement le même type d’exercices que ceux du prochain contrôle. Ce n’étaient pas exactement les mêmes nombres que dans l’exercice, bien sûr, il ne donnait pas toutes les solutions avant le contrôle, mais c’était exactement les mêmes exercices, il n’y avait plus qu’à adapter en fonction des nombres le jour du contrôle.
  3. Des écoles publiques pour les enfants des familles qui ne veulent pas ou ne peuvent pas payer: En France, ça s’appelle depuis quelques années, très officiellement, l’école du socle. Comprendre: le socle minimum garanti par l’état.

Alors inutile de bondir sur les commentaires, je crois même que je vais regarder si je peux les fermer, on verra. Parce que comme chaque fois qu’on contredit la doxa, on se fait incendier, c’est normal [3].

Si ce que je viens de dire vous démange et si ça peut calmer votre démangeaison, dites-vous simplement que c’était le témoignage d’un vieux prof aigri et un peu gâteux et passez à autre chose.

Bonne journée.

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[1] J’ai même connu, hélas, des profs qui ont fait des dépressions parce qu’ils ne voulaient pas accepter la réalité et qu’ils pensaient que c’était de leur faute à eux s’ils ne parvenaient pas à améliorer «l’égalité des chances».

[2] Je n’ai connu qu’une fois le mouvement inverse: Le papa ayant été nommé ministre de l’éducation nationale, ses enfants sont passés en urgence et très provisoirement de l’Ecole Alsacienne de Paris à l’école publique de quartier (quartier un peu chic quand même, faut pas exagérer non plus).

[3] Sauf que j’ai eu la surprise, la fois où j’ai eu l’occasion d’expliquer tout ça à une commission parlementaire en tant que délégué syndical, que personne ne s’y intéresse. Deux parlementaires m’ont même clairement fait comprendre que j’enfonçais des portes ouvertes. D’ailleurs mon témoignage a été oublié dans le rapport final. Probablement parce qu’il n’avait fait qu’énoncer des banalités trop connues pour qu’on les mentionne.

(Réponse faite à une question qui m’a été posée sur Quora)